Une belle prise !
Samedi 7 Mai. Tout s’annonce au mieux. Un équipage 100% féminin très motivé, une belle météo, un joli programme (prise de bouée devant Sauzon pour une trempette dans l’eau glacée avant d’aller se protéger à l’avant port) .
Au sortir de la passe du Crouesty : pétole. Une mer plate avec seulement quelques rides. Nous avançons à 1 nœud à peine ! Une fois la sud Méaban passée, nous cédons et mettons le moteur. La mer est calme. Une occasion pour une petite TSF sur le calcul des hauteurs d’eau pour notre arrivée. Fanny et Pascale font les calculs, contentes de participer à la préparation de la navigation.
Puis le vent adonne enfin et nous commençons à tirer les bords dans le passage de la Teignouse. Fanny et Carole, concentrées, s’alternent à la barre franche. Une grande première pour elles. Enfin, Belle Ile devant nous. Et Sauzon toute proche. Nous tirons notre dernier bord à la voile. Du soleil plein les yeux et des vagues qui scintillent. Mince ! Un bouée de casier, loin à la côte, aperçue au dernier instant, rebelle, cachée derrière sa vague ! Et puis le bout sous le bateau. Je sais ce qui va se passer mais j’espère qu’il n’en soit rien. Kervegon ralentit sa course puis stoppe net. Pris au piège. Prises nous aussi au piège. Il faut bien que ça nous arrive !!!
Pour éviter la prise au vent nous affalons la grand-voile et enroulons le génois. Mais tout est à poste pour un départ rapide à la voile. Afin de vérifier que nous ne dérivons pas, Pascale note les points GPS tous les quarts d’heure. A la jupe, sécurisée par ma longe et maintenue fermement par les équipières, je sectionne à l’opinel le bout et récupère la bouée du casier. Belle prise ! Rien à faire, la barre est toujours coincée et le bout visible en profondeur dans l’eau. Kervegon est secoué par les vagues. Le courant augmente. Bien que nous soyons trois plongeuses à bord, aucune ne se sent l’envie d’aller jeter un coup d’œil dessous. Trop risqué.
J’appelle la capitainerie du Palais qui me propose deux contacts de plongeurs professionnels. B. répond à l ‘appel mais il ne peut intervenir que dans un délai assez long. Que peut-il nous arriver entre-temps ? Que le bateau se dégage et que le bout reste coincé dans le safran et l’hélice. Kervegon serait alors non manœuvrant.
Sans hésiter, je contacte le CROSS Etel pour rendre compte de la situation et demander conseil. L’échange est rassurant. Une fois raccroché, nous appliquons les conseils. Isabelle et Fanny préparent le mouillage. Elles disposent l’ancre au davier, la chaine au taquet et le restant est rangé en biture. Tout est propre. L’ancre est prête à descendre dans les 17 mètres de profondeur.
L’ambiance est détendue. Ça rigole. Moi, un peu moins, je surveille la direction du vent et notre position à la côte. Les vagues commencent à franchir l’arrière du bateau et à arroser le cockpit.
Le moment tant attendu arrive. Un semi-rigide, rapide, pointe à l’horizon de Taillefer. Le plongeur s’amarre à l’avant de notre bateau, sous le courant. Il s’équipe et plonge. La lame du couteau victorinox tranche net le bout fixé autour de l’hélice. Kervegon est libéré.
La remontée du plongeur est difficile à cause du courant. Une main agrippée au semi-rigide, l’autre au matériel de plongée, il réclame de l’aide à son tour pour regagner son embarcation. Aussitôt, Isabelle prête secours. Une belle prise encore !
Au moteur cette fois, pour rattraper le temps, nous filons sur Sauzon. Les yeux de nous toutes rivés sur la moindre bouée visible à 1/2 mille !
Mais l’aventure n’en est pas à sa fin. En début de nuit le vent se lève. Nous sommes à couple sur le bateau de Gildas qui nous a chaleureusement accueillies ! Eh oui ! Il est là lui aussi . Son bateau amarré à l’embossage. La nuit est courte pour nous toutes. Nous sommes réveillées par les couinements des pare-battages et le tangage du bateau provoqué par la houle rentrante.
Dimanche matin, petit rattrapage de sommeil. Kervegon est à la bouée devant le port en attendant les courants favorables pour un retour sur le Crouesty. En fin de matinée, requinquées, Pascale largue l’amarre. Toutes à poste, énergiques sur les manœuvres, prêtes à anticiper. Nous formons un équipage où chacune a trouvé sa place.
Colombe
Superbement écrit !
On est pris par le récit haletant de cette aventure, tout en n’étant pas inquiet sur l’issue, car on sait que, comme skippeuse, la Colombe, elle assure !!!
Merci Isa de m’avoir transmis ce lien et FÉLICITATIONS à cet équipage… De nouvelles aventures vous attendent !