En 2023, il se trouve que je n’ai pas navigué, c’est la vie.
Et avec le temps qui passe, les nouvelles occupations de grand-père auprès de mon petit-fils, l’emploi du temps étonnamment surbooké du retraité, on peut vite redevenir un pur terrien accroché à son jardin, comme une bernique sur son rocher !
Mais c’était sans compter sur l’énergie communicative de Colombe pour fédérer les bonnes volontés afin de terminer l’hivernage de notre bon vieux navire, et de m’embarquer dans l’aventure de la remise à l’eau du Kervegon.
C’est ainsi que, ô miracle, sous un beau soleil ce lundi 29 avril 2024, nous avons pu procéder aux ultimes préparatifs (démontage des béquilles et rangement dans le coffre bâbord) alors que le bateau était déjà suspendu par les sangles du portique élévateur. Le technicien l’a conduit sur la cale adéquate et descendu dans l’eau saumâtre de l’estuaire. Après vérification des vannes (pas d’entrée d’eau intempestive), le moteur a démarré quasiment au quart de tour et avec un bon fonctionnement du circuit de refroidissement (Grand merci à Fernand, notre super mécano) et nous avons pu entamer, vers 9h30, notre petite descente de Loire, autour de l’étal de haute mer, pour rejoindre en douceur le coffre qui nous attendait au petit port du Pellerin. Les conditions étaient optimum et déjà la magie de la navigation opérait… Puis, grâce à la belle annexe toute neuve (Merci à Hervé, notre fidèle trésorier), nous avons pu rejoindre le ponton, en nous donnant rendez-vous pour le lendemain matin ; non sans avoir dégonflé l’annexe que Colombe a remportée précautionneusement pour ne pas risquer le vol…
Mardi 30 avril, vers 8h, Colombe, Romain et moi, nous nous retrouvons au Pellerin. Gonflage de l’annexe, deux tours pour charger les sacs de mer et les dernières provisions (le frais), les vérifications d’usage, les brassières de sécurité … et nous larguons les amarres. Beau temps, la descente de Loire, d’abord au moteur, puis appuyée à la voile est bien agréable. Cela secoue fort passé le pont de Saint-Nazaire, le vent de sud étant passé sud-ouest, pile dans l’axe du chenal, secteur que nous effectuons au moteur, GV bordée, car dans notre esprit, nous sommes en convoyage. Puis, nous renvoyons toute la toile, choisissons une route à l’intérieur du Grand Charpentier. Vent de travers, le Kervegon bat des records de vitesse. Nous saluons Pornichet mais continuons notre route. A 16h30, nous sommes amarrés dans le port de La Turballe. Après le passage obligé à la capitainerie, où nous apprenons que dorénavant, les sanitaires sont ouverts 24/24, nous voilà à « faire les magasins », ensemble. Colombe, pour qui cette croisière se déroule sur son temps de vacances, apprécie aussi ces moments-là … On commence bien sûr par le « Comptoir de la mer ».
On termine la virée en ville par le bar « Cap 270 » pour fêter la nouvelle saison du Kervegon. La météo passe à la pluie…
Mais finalement, ça se dégage au matin du mercredi. Après un léger resserrage du presse-étoupe (Merci à Romain, qui connaît ça par cœur), nous reprenons la mer, cap sur Le Crouesty. Les conditions sont très calmes. On en profite pour trier les deux caisses à outils. Bien nous en a pris, car après une portion de route sous brise diesel, le moteur ne veut plus s’arrêter avec le bouton magique du nouveau tableau de bord. C’était juste le support du vérin de l’étouffoir, qui avait perdu sa vis de fixation… Ayant été utilement briffé par Fernand, j’ai pu effectuer la réparation à l’aide d’une vis, d’une rondelle éventail, d’un écrou et d’un contre écrou ; ça ne devrait plus bouger !
Au port du Crouesty, le marin placier nous installe sur un cat-way, mais nous découvrons avec stupéfaction qu’il faut maintenant, à défaut d’une carte que nous ne possédons pas, une application sur son smartphone pour accéder aux sanitaires et aux pontons ! Il paraît qu’on n’arrête pas le progrès, mais que fait-on du droit à la déconnexion lors de ses loisirs nautiques ? Finalement, Colombe parvient à obtenir le code des sanitaires et les pontons vont rester ouverts durant ce week-end du premier mai. Il fait grand soleil et beaucoup de touristes flânent sur les quais.
Rebelote, on fait les magasins, mais séparément, pour finalement se retrouver dans l’un des rares bistrots qui ne fait pas restaurant. Nous pouvons ainsi trinquer, bien installés au chaud, car le vent a rafraîchi l’atmosphère. Et joindre par téléphone notre camarade Jean-Pierre, en direct du Port de Marseille, pour finaliser l’installation de la fameuse application…
Ce jeudi 2 mai, il fait beau, le coefficient de marée est faible et les horaires de marées sont favorables. Colombe met le cap sur le golfe du Morbihan. Nous contournons l’île aux Moines par l’ouest et prenons vers midi un coffre au port d’Arradon. Un ami photographe nous attend à terre. Mais faute d’avoir la certitude d’une hauteur d’eau suffisante, et sans autorisation de s’amarrer au ponton le plus extérieur, nous renonçons. Pique-nique et micro-sieste. Mais le vent a forci. Même avec un ris, certains croiseurs partent au lof. L’affaire est délicate car il s’agit de tirer des bords, avec le courant portant c’est entendu, mais face au vent, et de faire du rase cailloux dans un espace tout de même très contraint. Un débat s’instaure entre les régatiers et les voileux du genre pères peinards. La solution retenue appartient à l’équipage, notamment à son skipper. Le Kervegon, a franchi le passage de la Jument à bonne vitesse et rentre sans difficulté au Crouesty sous le soleil. Soirée lecture (un bon récit de mer, comme par hasard).
Vendredi 3 mai, quelques bords à tirer, pour aller prendre un coffre à Houat, à l’extérieur du Port de Saint-Gildas. Choix facilité par l’appli Navily. Un endroit prisé, puisque deux vieux gréements nous rejoignent ainsi que deux catamarans de location. Après un repas de galettes complètes, pris dans le carré, suivi de la traditionnelle micro-sieste, nous larguons sous voile (moteur démarré mais pas embrayé, juste en sécurité) et nous rentrons au Crouesty, port d’attache du Kervegon pour ces deux mois printaniers de mai et juin.
Rangement, nettoyage et et check-list. Le Kervegon est paré pour de nouvelles aventures. Les comptes sont fait au bistrot La Marina en attendant, Christine, volontaire désignée pour venir nous chercher. Initialement, nous devions naviguer jusqu’au samedi, mais faute d’un convoyage retour par un voileux de BCC, nous abrégeons notre croisière.
Et pour moi, vieux skipper du Kervegon, ce fût très cool d’être équipier. Une bonne remise en route. Merci à Colombe.
Alain Louche, le 13 mai 2024
C’est cool d’être simple équipier,tandis que l’aspirant skipper barre…
hello,
Merci pour ce Recit top Alain pour cette 1ere croisiere annuelle du Kervegon.
En plus, recu un mail de diffusion simple, efficace pour acceder au blog.
Le blog est chouette et le formatage du recit/photo donne envie de lire le contenu.
PS:pour info a quoi sert le champ « Site web » en dessous ?
Bravo au marin-reporter pour ce vivant récit illustré de belles photos. C’est comme si on y était… Bravo aussi à tout l’équipage pour cette croisière réussie.
Et longue vie encore à Kervegon.
Merci Alain pour ton récit. C est bien fidèle à ce que on a vécu. Je m y croirrai encore. Une belle aventure à 3.
Colombe
Super récit, ça donne envie de repartir naviguer !
Olivier